Mais quelle balade ! Instants - Reflets - Contrastes - Tout ce que j'aime - Partage-les avec moi, si tu veux.
Je t'offre d'abord les Cévennes, pour lors , renardes aux fougères rousses, aux feuillages déjà éteints.
Ça et là, une feuille de châtaignier virevolte devant toi et va se poser doucement. " Tapis de feuilles, gravillons-ci, gravillons là, sol humide : gaffe ! " dit Le Philo.
Au col de Jalcreste, chez les routiers, où nous rejoignent bientôt Man et Christophe, il fait bon se réchauffer.
Tous les gros bahuts s'arrêtent : le lieu semble très connu pour l'accueil et la bonne cuisine de la patronne.
Et ça rigole, et ça rigole.

des cartes postales
en noir et blanc
évoquent les jours
du vieux vieux temps.

    L'une d'elles nous amuse, qui représente le garde-champêtre ( un grand moustachu à képi, en sabots, tambour au côté ) lisant un papelard, devant des écoliers en sarraus noirs :

Aviss' ! Repos hebdomadaire
" Par arrêté en date du 30 Février 1907, le garde-champêtre de cette
commune est chargé de s'assurer que le repos hebdomadaire est observé
conjugalement dans tous les ménages et qu'aucun exercice galant n'y
est exécuté les dimanches et jours fériés.
Tous les contrevenants seront punis conformément à la loi.
Le Délégué : Isidore CORNANDOUILLE "

    Jouissif, non ? ( si je puis m'exprimer ainsi )
Le ciel s'est dégagé durant le temps du repas. Des routiers, sympas ceux là, repartis avant les motards, nous font signe que la voie est libre.

Et bientôt,
Ça tortille sévère
En Lozère



    Monts déchiquetés et sauvages. L'Aubrac n'est plus très loin, qui porte bien son nom, doux au début, rude à la fin. Des murets de pierres délimitent les champs. Au loin, de lourds nuages gris annoncent la pluie. C'est l'hiver, ici, aujourd'hui mais cela a de la gueule, malgré les 3°. De rares arbres nus, tourmentés par le vent, des rocs sombres, des villages gris, un gigantesque bâtiment, château fantôme ( en réalité un village de vacances ) posé là, au milieu du rien, rappellent les contes de fées du pays perdu.
Il suffit que nous redescendions pour retrouver un temps plus clément, à Entraygues. Le Philo a promis à Dame Jo de la mener à Conques. " Pourvu qu'il y ait du soleil là-bas, pense-t-elle - On lui a tant vanté la beauté du lieu et la douce lumière des vitraux de Soulage.
C'est bien plus beau encore. Une petite route de soleil déclinant nous fait soudain découvrir le village et l'église au creux des collines -
Je suis surprise : c'est beaucoup plus resserré qu'à Rocamadour. Tandis que les copains, qui connaissent déjà le site, vont déguster une crêpe dans un salon de thé pour vieilles dames anglaises, je pénètre, habillée en martienne, dans l'espace rose. Je pourrais rester là des heures durant, sous les voûtes romanes ; ce n'est pas le trésor de Conques qui m'attire mais la pierre lumineuse. Je comprends les pèlerins, en route pour Compostelle ...

    Peu de touristes, en cette fin d'Octobre et un silence respecté rendent la visite encore plus sereine.
Le Philo m'a suivie et ressent à son tour la paix des lieux.
Sous les arcades du cloître, de jeunes artistes gravent. La soirée s'avance lorsque Christophe perd un sac attaché à
l'arrière de sa monture " Un vieux sac pourri " dit-il en récupérant un objet informe qui va tout droit dans une poubelle. ( Au fait, il faut te dire que Le Philo et moi avons fait fort, le matin-même, en perdant ... le topcase du Paquebot, peu de temps après notre départ ; nous l'avons récupéré, le couvercle tout rayé et fêlé, mais il ne s'est même pas ouvert. Et le gâteau maison destiné au pique-nique du lendemain est INTACT. )
Comme Man s'est pris une prune le matin-même à cause de sa plaque minéralogique non homologuée, nous avons grand besoin d'un exorciste ...

Et alors ? Et alors ? Et alors ?
Frapi est arrivé..é.é...
Sans s'presser..é.é...
L'curé volant...
Pas nonchalant
Avec Ghislain
Et son Ch'val fringuant...



    Y'a des rencontres, j'vous jure ! Jubilatoires. La nuit Tombe lorsque les six arrivent au château de Termes ( ma
chouère ) près de St-Denis-les-Martels où Kiki, Jérôme, les copains bordelais les accueillent. Et voilà " la Bête des Vosges ", que Dame Jo n'a pas revue ( u pour Francis - e pour " la Bête " ) depuis la NC2K... Et puis ... Et puis...

    Lors du dîner ( canard, canard, noix), Kiki très enrhumée, se fait mettre en boite : elle et Jérôme ont pris la flotte en partant de Bordeaux, et sa culotte mouillée lui vaut de fines plaisanteries...
Renaud et Gaëlle se font " huer " lors de leur arrivée tardive, eux les plus proches... Ils ne sont pas les derniers, loin de là, car Jésus arrivera en pleine nuit. C'est ça l'amitié. Ça vous fait faire de ces choses ! Et comme on est heureux de les faire !
Comme d'hab', je m'en vais me coucher la première ; il ne fait même pas jour, à 7h, le lendemain matin,
lorsque le tic-tic me réveille. Un spectacle impayable m'aide à émerger tout à fait : Le Philo, en bermuda de nuit bleu marine, grandes chaussettes de laine bleu marine itou, cuir sur le dos, casquette sur la tête, godasses de marche, s'en va taster l'air et voir s'il y a du vent ou s'il n'y en a pas. On dirait un arbitre sportif. Ne lui manque que le sifflet !

    Il n'y a que nous, bientôt rejoints par Ghislain, pour contempler les paysages chinois crées par la brume matinale ...
Pas de blague ! Aujourd'hui, Samedi, c'est jour de marché à Martel, à Sarlat ! Un pique-nique pour trente, c'est sérieux !
Francis, Ghislain, Frapi, Le Philo et moi partons pour Sarlat. Quel marché, l'Ami(e) ! Une débauche de couleurs, des étals florissants, tout cela dans une ville aux architectures harmonieuses. Le plus étonnant, c'est le marché couvert, installé au coeur d'une ancienne église dont le portail originel a été remplacé par de gigantesques portes ogivales en métal gris-bleu, création d'un artiste contemporain.

    Ici, on ne chasserait pas les marchands du temple ! Ils présentent de trop belles et bonnes choses ...
J'aime retrouver Sarlat, connue lors d'un autre voyage, en été, quand il fallait jouer des coudes pour circuler...
Cette fois, je la vois vivre autrement, en automne ...
Francis me raconte ... J'aime parler avec Francis. ( Le Philo a bien ri, le jour où je lui ai demandé où habitait Francis, dans les Vosges ... )
Outre quelques jolies provisions de bouche, nous ramenons, le soleil, qui a fini de fainéanter. Mazette, qué pique-nique !
Il fait même chaud, au point que certains d'entre nous vont s'installer sous une tonnelle ...

    Voici un moment inattendu, comme je les aime : les copains prennent le café sur la terrasse ... Je m'en vais contempler la vallée ensoleillée, depuis un balcon de pierre tout recouvert de lierre en fleur, bourdonnant d'abeilles.
Cela embaume le miel ! Des frelons, des papillons très colorés ( orangé, noir et blanc ) s'en donnent aussi à
coeur joie, là-dedans ! Tintin s'approche, surpris par ce remue-ménage. Comme moi, il ne bouge pas et observe ...

    Arriverons-nous à rouler, cet après-midi ? Tandis que les " furieux " s'en vont viroler sur un long
parcours, les " touristes ", que je refuse catégoriquement de nommer " lopettes " ( j'en suis ! ) partent avec Tom et Véro pour une fort belle balade qui les mène à St Céré, où même les HLM ont une architecture très soignée, mêlant la briquette rose au bois sombre. Nous restons pantois devant les vieilles maisons en encorbellement, certaines paraissant construites de guingois ( tu verra cela sur les photos du Philo )
De petites routes nous mènent de village en village (Autoire - Loubressac...) sous le soleil. C'est rose et blond.
Je vois des troupeaux d'oies blanches, ( Tiens ! Y'en a encore ! ) des plantations de noyers ...
Quercy ... Dordogne ... Dordogne ... Quercy ...
Il fait soif. La saison passée, les cafés sont fermés, une fois deux fois. Mais au troisième village, Tom fait mentir le
proverbe.

    Au retour, Francis nous accueille. Il a préféré rester calmement sous les arbres et profiter du soleil.
Après un bon somme, Frapi est parti pour Rocamadour, qu'il n'a jamais vraiment visité. Non ! Il n'y a pas vu le loup : il n'est pas allé dans les grottes. Et chacun de raconter sa balade aux autres ; cela donne un dîner-canard-cahors fort animé. L'agréable âpreté du Cahors vous délie les langues ...
Dimanche matin ... " C'est déjà passé ! " dit Tom, un peu mélancolique, lequel avec les autres G.O. nous a trouvé de si belles balades et un gîte épatant.

    Les Charentais et les Bordelais partiront plus tard Man Christophe et nous avons 500 bornes à parcourir. Il fait grand beau. Rouler le long du Lot est ce matin, un régal. L'eau étincelle. Soudain, le Philo ne voit plus les copains.
Se sont-ils arrêtés pour prendre une photo ou soulager une envie pressante ? C'est bien mieux que cela : retournés sur nos traces, nous trouvons Man qui ramasse des châtaignes. " Je suis gourmand ! " nous dit-il en souriant. Je l'embrasserais, pour la peine, tant cela me fait plaisir de le voire faire ...
Une illustration parfaite du Yin et du Yang - de l'impermanence, donc, nous attend sur l'Aubrac, où le vent qui
soufflait très fort dans la vallée du Lot, après Estaing , a soudain cessé. Qui m'aurait dit que le 20 Octobre 2002, à midi, à 1300 mètres d'altitude, j'ôterais mon blouson et prendrais quasiment un coup de soleil ! Nous pique-niquons en évoquant les 3° de l'avant veille ...

    Au loin, une barre nuageuse ... Les Cévennes grisonnent ...
Le Philo et moi ne retrouveront le soleil qu'en approchant de Manosque. Il me reste à t'offrir, un dernier cadeau, pour aujourd'hui, quelques noms chantants, repérés sur la route :
" Coubisou ", " Baladou " et pour rêver tant son nom est musical :
" Julia Fréjabize " Une artisane, pensé-je en lisant ce nom à l'aller.
Au retour, à Gramat, j'ai lu " Julia Fréjabize - tapissier - "

J'ai envie de vous chanter, Madame, un poème de troubadour,
quels que soient votre âge et votre apparence ...

Il y a comme cela, des noms qui portent nos rêves ..
Fréjabize, Heurtebise, Baladou ...

Coubisous Ris et Souris de
Dame Jo, l'enquercynée d'la moto


PS : Nous avons vu un drôle de clocher ancien construit exprès de travers. Frapi se demande dans quelle région de France il y en a d'autres. Qui le sait ? Merci d'avance !