Ça existe pour de bon, la crise de la cinquantaine, chez l'homme !
D'abord, dès le Vendredi soir, "ILS" ont parlé d'âge, tout ça parce que Pépé de Bracon avait encore déménagé ( au sens propre du terme _ pour ce qui est de la propreté des vieux, voir plus loin. )

    Un mot en entraînant un autre, il s'avéra que les "minots" n'étaient pas nombreux par rapport aux "ancêtres" ( dont je ne suis pas, je te rassure tout de suite ) Qu'est-ce qu'on n'a pas entendu, pour la plus grande joie de Tricé, futur dirlo de la maison de retraite, dont les éclats de rire sont un vrai régal.

    Ça commençait bien !
Tout à fait bien même car, après l'installation de la meute dans les confortables chalets du VVF Saviloisirs à St Amant-Roche-Savine, le repas GGG ( lentilles et petit salé pour plat de résistance ) se déroula dans un très convivial resto à l'ancienne. On avait l'impression d'arriver chez des potes avec lesquels on avait fait des conneries, gamin(e) ... Salle haute, salle basse, la grande cheminée, l'escalier raidos où c'qui faut faire attention à sa calebasse, surtout si l'on s'appelle  Haroun-le-barbu : tout y était pour les retrouvailles des "Copains", comme chez Jules Romains. D'autant plus qu'Ambert était au rendez-vous le lendemain. Y verrions-nous la statue vivante de Vercingétorix ?

    Mais ceci est une autre histoire ...

    Quand je regagnai seule, avant tout le monde, dans la nuit, notre chalet, le brouillard auvergnat, au-dehors, vous avait déjà des airs de Novembre. Il faisait plutôt frisquet pour remonter au bercail heureusement bien chauffé. Une grande fresque colorée, qu'on aurait cru peinte en pleine époque psychédélique, ornait deux murs d'un bâtiment, face au VVF. Plutôt macabre, voire gothique ... C'est seulement le lendemain, au jour, que j'allais la décrypter ... et l'expliquer aux copains.

    Elle illustre le roman auvergnat d'Henri POURRAT, "Gaspard des Montagnes", transposé au 20ème siècle par un artiste qui l'a peinte en été, de nuit, avec un projecteur. ( il faisait si chaud dans la journée que les peintures séchaient trop vite ) L'action se passe au début du 19ème siècle, dans les Monts du Forez, le Livradois et les Bois Noirs. Il y est question de brigands, d'amours contrariées, d'amitié, de chansons, de traditions. Les noms de certains personnages m'ont toujours fait rêver : Jeuseloup, Benoni. Et que j'aimerais avoir pour ami, depuis toujours,  Gaspard, le farceur, le fidèle, au cœur gros comme ça !                       

                        Samedi matin,
                        toujours dans un brouillard
                        n'devant rien aux bizarres,

nous nous partageâmes en deux groupes, les zuns allant rouler, tandis que les zôtres visitaient, près d'Ambert, dans le Val du Lagat, le Moulin Richard de Bas, dernière papéterie artisanale d'Auvergne et musée du papier. J'allais enfin réaliser l'un de mes rêves d'enfance, grâce à Tricé.

    Je n'ai pas été déçue _ les copains non plus : la visite à elle seule vaudrait tout un CR, tant elle est passionnante. Je te renvoie aux photos du Philo ainsi qu'à celles des copains. Sache que Jean-Noël a relevé le défi de notre guide, en mettant en forme, à son tour, la pâte à papier, chauffée entre 20 et 25° et qu'il s'en est plutôt bien sorti. ( Normalement, ce sont deux artisans qui font ce travail : l'Ouvreur et le Coucheur )

    Le brouillard se décida enfin à céder quand, après le billard de la D906 empruntée entre Ambert et Thiers ( il fallait tailler dans le RB initialement prévu pour rejoindre le resto ) nous nous mîmes à serpenter au milieu de forêts où se cachent de nombreux châteaux, des bourgades surprenantes, ( Olliergues, Chateldon ).
Routes et chemins étaient bordés de "vendangeuses" : ces asters sauvages, d'un mauve pâle qui, avec les colchiques, signent l'automne.
Que d'odeurs ! Les unes douces et fruitées :  les coings, les herbes fraîchement coupées _ les autres, poivrées ou balsamiques : les talus, les arbres _ plus fortes celles des foins qui fermentent, du fumier épandu dans les champs, de la la terre fraîchement labourée ...

    ... Ce fut d'abord une trouée bleue, puis un grand soleil, pour notre arrivée au Mayet de Montagne, en Bourbonnais, où nous devions retrouver les rouleurs du matin et Dédé.

    Un excellent déjeuner nous attendait ... à l'heure espagnole, si plantureux que je faillis bien caler. Un intermède inattendu se produisit, qui déclencha un rire "hénaurme" : le correspondant local de "La Montagne", bloc-note en main, appareil photo planqué sous son imper, venait nous zinterviouver : nous étions, en effet, des célébrités de passage. Outre la bonne bouille de ce monsieur d'un certain âge, ce qui me réjouissait le plus, c'est la vitesse à laquelle il posait ses questions : une vraie mitraillette ! Du coup, il n'entendait qu'une partie des réponses : c'est ainsi que notre auguste géronte organisateur est devenu
" Pierre TRICÉ ", que nous nous sommes tous retrouvés auvergnats ( pourquoi pas ? ) que nous avons été photographiés au soleil, avant le café ... Et que le journaliste n'a jamais compris ( ni écouté ) la différence entre Suissien et Suisse. En revanche, il n'a pas eu de peine à nous faire dire que le Bourbonnais, le Livradois, les Monts du Forez étaient fort beaux : ils le sont _ tout particulièrement en automne où les forêts s'allument d'or jaune et rouge, où les vallons, au soleil couchant, ont des formes si douces ...

    Tricé, qui avec Jean de Bracon et Lézard Vert, avait déjà exploré ces régions, nous proposa un arrêt, sur la route du retour, vers St Amant, au château de Vollore, belle demeure familiale appartenant aux descendants de La Fayette.

    A Vertolaye, je ne fus pas la seule à repérer un panneau qui m'enchenta
: "la Gare de l'Utopie". de quoi rêver, non ? Plus de rails seulement un bâtiment, une ancienne gare, peinturlurée du haut en bas de tags bleus.
J'ai appris, depuis, qu'on y trouvait aussi le "Quai des Entreprises" et qu'on y exposait ses projets.

    A vingt heures tapantes, il fallut se remettre à table, nos bons hôtes nous ayant préparé une succulente truffade :

" Allons, allons ! vous la mangerez bien ! Vous vous êtes dépensés ! Et y en a d'autre à la cuisine ! "


    Certains ne se firent pas prier ( c'est vrai qu'elle était délicieuse ), d'autres rêvèrent d'un simple bol de soupe. Y en eut même un qui fit un caprice : si on la lui gardait, chiche qu'il la mangerait au petit-déjeuner.

"Les concentr' n'étant plus ce qu'elles étaient" ( YaYa dixit )

    On vit même deux lascars ( pas des plus vieux ) accompagner Noursette et Dame Jo en commandant une tisane de verveine en guise de café ... avant d'aller assister devant la télé de la salle basse du resto, à la pâtée franco-anglaise ...

    On avait tout de même bien rigolé, lors du dîner, lorsque Tricé, manquant s'étouffer, cracha sur Pépé de Bracon, ( Ah ! ces vieux ! Pas sortables ! ) une plaisanterie dudit ou de Duvalben l'ayant surpris quand il buvait son vin.

    A l'heure des adieux déchirants, le Dimanche matin, le temps était si resplendissant, nous avions vécu tant de bons moments que nous eûmes vraiment bien du mal à nous séparer; je nous revois, tous en cercle, à retarder, retarder encore le moment de se dire :

" Rentre(z) bien ! Attention à toi ( à vous ) ! A la prochaine ! "

    Le Philo et moi roulions avec Torti, pour regagner le Sud. ( A l'aller, notre copain, après les routes de la Lubédromie, avait eu droit, entre autre réjouissances, à un baptême : la route à motards entre les Ollières et le Cheylard ) Au retour, nous fîmes, à ma demande, un arrêt à la Chaise-Dieu, pour y admirer, de près l'abbatiale, si belle. Une telle visite se mérite car la volée de marches qui mène au porche de l'église demande du souffle ! J'ai compris pourquoi les fidèles qui se rendaient à la messe passaient par le cloître, ouvert.

    Au Monastier sur Gazeille Torti fila directement chez lui, pendant que le Philo et moi testions un plat ardéchois dans un resto du cru. Après la belle descente et ses lacets, nous fîmes un clin d'œil à la colonie de vacances de Montpezat où se déroula , début Mars 2007, la Tromph partie; du côté de St Remèze, un autre coucou à la NC 99 et à l'Alternative concentre puis nous reprîmes la route des vins ( sans en boire ! ) Tout cela sous le grand soleil ...

( J'entends d'ici les Parisiens :

" Bande de salauds ! Vous nous narguez !_ Meû non ! Meû non ! "

)

Salut l'Ami(e) !

                Avé le sourire et la bise de Dame Jo
                  la mal embouchée ** d'la moto

( ** Presque tout mon répertoire d'injures y est passé, cette fois-ci, sur certaines petites blanches )

P.S. Ce texte est dédié aux Bouviers Bernois, qui ont dû aboyer après moi en ne voyant pas venir de CR périgourdin, après la NC.