Elle nous amena, Le Philo et moi, pour aller rejoindre l'ami Jean et les copains à passer par des endroits où nous avions déjà vécu plusieurs concentres, lié amitié, vu tant de beaux sites... et nous baigna de lumière bleue.

Viens te promener avec nous ... si tu veux.

    C'est presque l'automne; nous sommes à la mi-Octobre 2006. Partis de Manosque deux jours avant de gagner la cité de Clairvivre, en Périgord Blanc, nous jardinons d'abord en Aveyron, sur les petites routes tortillardes, jonchées de châtaignes ... il faut prendre garde; ça glisse ! Déjà, des touches de jaune et de rouge dans les feuillages ... Bientôt, tout va flamber ...

    Nous allons retrouver, ce soir, des membres de notre famille, dans une vieille bastide, au-dessus de Villecomtal. Nous irons aux châtaignes avec nos cousins et notre vieille tata gourmande. Il y aura du feu dans l'immense cheminée, pour la veillée ... Là-haut, on peut se croire hors du temps, quand le cousin charpentier raconte ses arbres ...

    Les récents orages et la grisaille se sont éloignés, quand nous enfourchons notre cheval gris, le lendemain matin. La brume, fréquente dans les vallées aveyronnaises, cède la place à un grand bleu prometteur.

    Nous descendons sur Conques, que j'aime tant. La couleur du Dourdou nous surprend : un rouge sang très impressionnant, qui contraste avec le vert acide des prés et des cultures maraîchères, sur les rives fertiles. L'effet du mélange des eaux est saisissant au confluent du Dourdou et du Lot. Il y a un fort courant : les averses ont été violentes, la pluie a mordu la terre. 

    Direction Sousceyrac, où nous ne pouvons pas déjeuner ( Au fait, je ne me rappelle toujours pas qui a écrit ce roman. ) Quel désert, à l'arrière-saison ! En revanche, St Céré est, elle, animée et généreuse. J'aime cette petite ville que Tom et Véro nous ont fait visiter, il y a quelques années; je pense à eux, aimerais bien qu'ils soient là. Nostalgie ...

    A la brasserie, où l'on nous a régalés, Le Philo, qui s'est levé un peu brusquement, donne involontairement (?) un grand coup de cul à la serveuse ( gironde, ma foi ! ), qui, plateau en équilibre , loin de protester, rigole, rigole ...

     Le grand bleu nous enveloppe; nous passons à Rocamadour, tranquille en automne; sous la célèbre falaise aux sanctuaires, il est de grands prés où l'on peut se poser, pique-niquer. Lors d'une balade précédente, fatiguée par la chaleur, je m'y étais presque endormie _ une sieste sur un tas d'herbe coupée. J'avais découvert là, au bord du ruisseau, une offrande poétique à la nature : un petit temple de branches, orné de fleurs des champs. Philo et Cali l'avaient photographié. Cali nous manque; nous souhaitons tant le retrouver.

    Il fait toujours chaud, en soirée, quand nous arrivons les premiers à Clairvivre, bientôt suivis de Dominique puis d'Haroun.

    Curieux endroit que cette grande cité-ruche, posée en pleine campagne; outre les nombreux bâtiments d'habitation, de cours, on y trouve des ateliers, des serres pleines de chrysanthèmes en cette saison. Construite pour recevoir des malades tuberculeux dans cette région douce et ensoleillée, Clairvivre est à présent un centre d'aide au travail ainsi qu'un centre de réinsertion par le travail.

     Nos gîtes sont très vastes, impeccables et nous avons reçu, là aussi, un accueil chaleureux. Le gros de la troupe arrive. Nous retrouvons Tricé, Marina, Ikly, Japy, Maya que nous n'avions pas vus depuis un bon moment. Bubu nous présente Isabelle. Natalie et le Hobbit arriveront tard, ce soir ! Le restaurant se trouvant assez loin des gîtes, on part dîner au jour, on rentre sous les étoiles; on essaie de reconnaître les constellations, on marche un peu de traviole, dans le noir, on se bouscule, on se fait peur pour de rire : des mômes en colo, quoi ! Cela fait rudement du bien.

La région est fort belle. Nous sommes tout près du Château d'Hautefort.

    Il fait si bleu, si doux, le Samedi matin, que nous partons bien vite en vadrouille sur les petites blanches. Une légère brume demeure. L'herbe est pleine de rosée et les chevaux, dans les prés, semblent sortir d'un rêve. La magie continue, sur le circuit de l'Auvézère, où nous nous retrouvons bientôt. Les fées ne sont pas loin; qui veillent sur le Ruisseau des Belles Dames ( les "Dames", c'étaient les fées, les fades, dans les campagnes _ On les craignait, aussi en parlait-on avec respect. )

    Sur l'Auvézère , une belle découverte nous attend : la forge de SAVIGNAC-LEDRIER, qui date du 16ème siècle, "dernier témoignage en France d'une forge de ce type, avec son haut-fourneau, alimenté au charbon de bois et ayant conservé son ensemble de bâtiments." Les ouvriers et les apprentis logeaient sur place : leur maison existe toujours. Le château Renaissance, sur la colline qui surplombe le ruisseau, a ses façades couvertes d'ampélopsis tout rouge, en automne et son reflet dans l'eau est du plus bel effet.

    C'est justement, sur le Ruisseau des Belles Dames que nous découvrons la papeterie ancienne de Vaux-Payzac, installée dans les locaux d'une autre ancienne forge du 17ème siècle. De 1861 à 1968, on y produisit du papier de seigle, jaune, très solide.

" Qui servait à emballer la viande, les savons de Marseille, les bananes. Certains peintres impressionnistes utilisèrent ce papier naturel sans colle ni colorant, capable de valoriser leurs créations d'esquisses ou de lithographies "
(Je cite Alexandre Merlingeas in " Chemins de Traverse ", revue hors-série sur le Périgord ).

     L'aimable guide nous donne des explications détaillées sur la forge d'autrefois, les machines à papier. A ma grande surprise, dans la salle réservée à l'accueil, je vois exposées des oeuvres très décoratives de Catherine Libmann, une tisserande qui vit et crée tout près de Manosque ( elle mêle avec art textiles et végétaux séchés ). Quel dommage de ne pouvoir visiter complètement les lieux ! Comme pour la forge de Savignac, Tricé se promet de revenir.

    Cette vallée de l'Auvézère a un tel charme qu'on y resterait des heures, à se promener à pied, le long de l'eau. ( Le Philo et moi referons la même promenade, le lendemain, en repartant vers le Berry. Les robes de fées, les images magiques et les reflets dans l'eau seront toujours là. )

    L'air est grisant, qui sent tour à tour le foin, l'alcool ( le foin fermenté ), les pommes, le poivre, les feuilles de peupliers. Des gens ramassent les noix. Le paysage a changé; en plaine, nous longeons de grands vergers de pommiers, que je ne m'attendais pas du tout à voir par ici. ( Dominique, lors d'une pause, nous parle de la pomme du Limousin. )

    A Collonges-la-Rouge, on nous attend pour déjeuner. Et soudain, je n'en crois pas mes yeux : Tom est là, venu de Bordeaux, juste pour le plaisir de retrouver les copains, le temps d'un repas. J'ai tant pensé à Véro et à lui, au début du voyage, qu'il m'a peut-être entendue. Si tu ne connais pas Collonges-la-Rouge, aux confins du Limousin, vas-y, comme nous, en automne, quand les échoppes sont fermées et la plupart des touristes rentrés au bercail. Là, tu découvriras vraiment ce village Renaissance, construit pour des notables sur les terres des Turennes. Tout un village rouge ( tu ne verras de pierres blanches qu'au linteau de l'église ). Des treilles, des jardins, offrent une fraîcheur bienvenue : il fait très chaud aujourd'hui, sous les cuirs.

    L'Auberge du Prieuré est fraîche, elle aussi; on y voyage dans le temps, en empruntant un vrai labyrinthe pour gagner la grande salle où l'on nous a installés. Je regarde partout. Comme autrefois, les grandes miches de pain sont conservées sur des support de bois,  suspendus au plafond.
   

... Dédé s'amène enfin et l'on se serre un peu. Il nous raconte sa brêle : une page de plus pour "la-Saga-d'la-brêle-à-Dédé" ...


    Au cours du repas ( succulent, comme de bien entendu, et pour une fois, raisonnable en quantité) je ressens soudain ce que peut éprouver le filet, sur un court de tennis. Des répliques fusent, au-dessus de ma tête, entre Dédé ( côté Sud de la tablée ) et Haroun ( côté Nord ), à propos d'un thread récent aux 2000 posts. Mon voisin, Patix, n'y comprend rien et son étonnement incite nos deux compères galéjeurs de première à en rajouter. Moi non plus, je n'y comprend rien, ne lisant pas souvent les échanges sur Frm. Et soudain, j'en ai tellement marre que j'embrasse Patix.
( "Console-toi, mon Patix ! Dame Jo est là ! " Le voilà perdu de réputation, son cas aggravé ... ) Comme l'échange se poursuit et que ça commence à me titiller grave, j'éructe un sonore

                                        " ET MON CUL ! "

qui en laisse plus d'un éberlué. Silence .

"Quoi, Dame Jo ?
- Oui, c'est moi ! "

    Faut pas s'y fier. J'ai toujours rêvé d'être " Tartine Mariole " ou le Marsupilami. Et Rrrân !

    Décidément l'après-midi venue, on se croirait encore en été. Japy ferait bien la méridienne. Nous aussi. Je vais la faire, cette sieste, de façon tout à fait imprévue : Le Philo constatant qu'il doit impérativement changer un pneu, si nous voulons poursuivre l'aventure. Brives n'est pas loin, célèbre, comme tu le sais pour son marché, ses bottes d'oignons, ses mégères et ses gendarmes ( salut, Tonton Georges ! )

    A Brives, il y a aussi un concess' Honda, où l'on m'offre aimablement de m'installer au frais, dans les plantes vertes, sur un canapé profond ( toute seule, grand(e) coquin(e) ! et puis, j'ai trop chaud ).  On passe dans le magasin un bon programme musical; en sourdine me parvient la voix de Bertrand Cantat, " Le Vent l'emportera ", une chanson que j'aime beaucoup. Moi c'est le sommeil qui m'emporte présentement ... Du coup, le temps passe très vite et Le Philo m'annonce bientôt : " Ça y est ! Nous repartons "

    Avant de retrouver les copains, à Clairvivre, nous avons jardiné, nous arrêtant à Hautefort pourmarcher un peu dans le village et le long du château aux dômes d'ardoise. ( trop tard pour visiter le parc ) Toujours la lumière bleue, qui commence à se dorer au soleil couchant. Une douce lumière - Une vraie soie.

    Je me rappelle le dîner, où certains d'entre nous ont découvert pour la première fois le Tourin (potage blanc à l'ail, aux oeufs et à la graisse d'oie _ bien parfumé ) mais, plus encore, la bonne conversation, dans notre coin de table, avec Natalie, Marc le Hobbit et Tricé.

    Pour une fois le Dimanche venu, nous n'allions pas regagner Manosque. Nous poursuivîmes notre route vers le Berry, toujours dans un fouillis de soie bleue, d'abord en nous offrant de nouveau le circuit de L'Auvézère, comme il est dit plus haut, pour rêver, prendre des photos, lever bien involontairement, en forêt, des faisans effarouchés par la moto.  Puis par Pompadour où j'admirai château, haras nationaux, vaste hippodrome.

    Plus tard, presque en fin de parcours, nous atteignions l'Isle-Jourdain, dans la Vienne, non loin du circuit du Vigean. Il faisait faim. La patronne d'un café-restaurant-pizzeria regretta de ne pouvoir nous accueillir  : elle ne faisait restau que le soir et nous envoya tout près, au " Café des Sports " où, nous dit-elle, on mangeait fort bien. Chic, un boui-boui sympa ! Ben d'chez nous !
   

( Avant de te conter la suite, cette parenthèse pour te mettre au parfum : il faut te dire que le père du Philo, nous n'avons jamais su pourquoi, a un leit-motiv favori : " Y sont cons, ces Anglais ! " qu'enfants, petits-enfants et, bientôt, la 3ème génération se fait ( se fera ) une joie d'entonner pour le plaisir de singer le grand-père. )


    D'abord, ça r'semblait pas à un troquet_ Et d'un ! La jeune serveuse avait de grands yeux bleus, un beau sourire ... un accent chantant_Et de deux ! L'accueillante patronne ( plantureuse, tatouée, la poitrine généreuse, une superbe blondeur ) avait, elle, une voix virile et un putain d'accent ...british, aôh yes, my dear ! On était chez les Anglois ! Merde alors ! Pris de fou-rire, rigolant moins quand nous vîmes toutes les tables réservées et surtout, quand nous lûmes le très joli menu, nous attendîmes nos plats avec curiosité.

    Qu'on se le dise ! Certains Anglois aiment passionnément la France et sa cuisine. C'était excellent, présenté de façon très raffinée. Et servi avec tant de jovialité. Pas des prix de troquet par exemple, mais  pour une fois ...   

Que le diable patafiole l'ancêtre si, présent, il nous avait sorti son refrain !

                   
    Salut l'Ami(e) ! A la prochaine !

                    Avé le sourire et la bise de Dame Jo,
                    l'embleutée d'la moto.

PS: 1) Ma collec' de noms marrants s'est bien enrichie, lors de cette BG06.
          La Touille - Yssandon - Joisse - Chabanais (pour les innocents, s'il en reste, le Chabanais, c'était un célèbre claque, un boxon,un bordel, quoi ! ) et j'ai gardé le meilleur pour la fin : Cherveix-Cubas, que tu peux inverser pour écrire

CUL BAS CHAIR VEXE ...

       2) A la Tromph partie 07, comme je disais à l'ami Jean combien Le Philo et moi avions apprécié la BG06, Pépé de Bracon ( c'est le même ), soudain rêveur, me répondit qu'il avait peut-être une idée pour la BG07...
             

J'sais tout mais j'dirai rien !