La balade à Frapi ou la balade des gens Z'heureux
Par Dame Jo le mercredi, juillet 25 2001, 12:15 - Récits Dame Jo - Lien permanent
Salut l'Ami(e) ! Au cas où tu aurais un peu le blues, en ce moment, où tu jouerais les " aquabonistes ", les " boffistes ", viens donc faire un tour avec la passagère du Philo, dans la balade à Frapi.
Tu es prêt(e) ?Imagine d'abord une étoile à 7 branches convergeant vers Vichy, samedi dernier, pour aller retrouver Dédé , lequel a mangé du lion, pète le feu, bricole sa " chariote " ( son fauteuil roulant, un " Action ", ça lui va bien ! ) qu'il prend pour une Guzzi ; il accueille les sudistes d'un " Ah ! les enfoirés ! Et ousque vous allez comme ça ? "
L'arrivée de Frapi, Théléma, Mash et d'autres nordistes, Eric et Pascal, inconnus de lui mais venus le saluer, le laisse sans voix ( ça, c'est rare chez l'Dédé ) Ca mérite une photo de groupe, que Dédé prend, comme de bien entendu_ et double, des fois que … Galant, il propose à une petite infirmière de venir se faire tirer le portrait, pour épater ses copines, mais, discrète ou effarouchée par tous ces cuirs, couvre-chefs et bardas empilés à la va comme j' te pousse, elle s'esquive en riant.
Fait trop chaud à l'hosto. Toute la troupe, guidée
par la blondeur de Fabienne ( M'dame Dédé ), s'en va au
jardin et là, c'est un sitting 68tard
( Heu ! pour les plus jeunes car croiser les gambettes par terre quand
t'as un falzar rembourré comme le mien et des baskets moto qui
pèsent une tonne … )
Dédé trône dans son fauteuil, ces dames ( Fabienne et Jo ) papotent à qui mieux mieux : elles sont devenues amies quand Dédé était hospitalisé à Manosque. Turellement, les gars jactent bécanes. V'la t'y pas qu'il dégotent une Guzzi " Le Mans " rouge, qu'ils épluchent sur toutes les coutures avant de revenir se siter. Dès que le gars à la Guzzi sort du hall de l'hôpital, un puis deux puis toute la troupe s'en va-s'en vont l'interviewer. ET CA DURE ! Comme dit Mash :
18 heures. Dédé a réalisé un exploit, aujourd'hui : il est resté au moins deux heures et demie assis, dehors. IL avoue avoir " mal au cul " et trouve, pour une fois, la position horizontale plutôt satisfaisante." Espérons que le mec n'avait pas rendez-vous ! "
Après moultes salutations, le temps d'acheter quelques victuailles, les 7 repartent pour Job, un petit village non loin d'Ambert, dans le parc régional du Livradois-Forez, où les attend une route serpentin-serpentine _ 3 km encore et .... C'EST LA JOIE !
Le gîte ? dont le bois a pris au soleil couchant tous les reflets des vieux cuivres. Si tu savais quelle vue on a de sa terrasse ! Toutes les vertes vallées encaissées où nous irons demain puis, au loin, à l'horizon, le Puy de Dôme et même, le Massif du Sancy … Une fois installés ( grand confort_ sûrement le meilleur gîte que nous ayons vu, le Philo et moi ) tout contents, les 7, d'abord très volubiles, soudain impressionnés par la beauté du lieu, finissent par la boucler pour admirer en paix le ciel d'or.
Le lendemain, il fait grand beau ( décidément, Frapi a bien fait les choses_ Ajoute à cela que c'est grâce à lui et à son pote Pascal que nous avons découvert le chalet. ) Notre guide, vrai amoureux des arbres et des prairies ( même si, de son propre aveu, il sait seulement dire " arbre ", " herbe ", " vache ", à la rigueur aussi, " forêts " et " bouleau " , Sologne oblige), Frapi donc entraîne la file de motos se balancer en rythme au Pays du Grand Courbe. N'oublie pas que nous sommes ici en pays celte, comme le disent les nombreux noms en _AC. Les Gaulois aimaient déjà les spirales. Pour sûr, les Romains, cartésiens avant la lettre, se sentaient très cons en Auvergne !
Et ça danse et ça danse et ça penche ! A
droite, à ( Aââââââh ! ) gauche. Tiens, je vais me serrer contre le Philo, baisser la tête
dans les virages ( " T'auras l'air d'un coureur ! " ) Bref, trouver la
meilleure position ( on ne RIGOLE PAS ! ) pour aider à enrouler
… L'expérience m'est venue, après 52000 Km
à moto, en deux ans et demi. Ça est bon.
Les noms des petits villages se font à rallonge = St Amand Roche Savine, St Germain l'Herm …
Les virages n'empêchent pas la passagère d'admirer les
arbres : sapins, épicéas très serrés,
frênes, sorbiers des oiseleurs, beaux érables, plus rares,
aulnes au bord des rivières, dans les fonds frais. Nous sommes
au pays du bois et nous verrons de nombreuses scieries.
La halte méridienne trouve les 7 copains enchantés de
déjeuner au bord d'un lac aux eaux brunes où l'on se
baigne et où pirates en pédalo on ne peut plus
pacifiques, ainsi qu'un jeune labrador nageur les amusent.
Tellement bien, à l'aise, les 7 copains ( ô St Jules
Romain et tonton Brassens réunis _On connaît la chanson )
que, du coup, " soyons fous ! "
( petit clin d'œil à SergeXX et salut à lui, au
passage ), toute l'équipe s'offre une deuxième crêpe
en dessert. Caftons : y'en a même qui la demandent à la
Chantilly, j'dirai pas qui mais ça commence par …
Après d'autres virages, moins drôle, quelques " bons " Km de gravillons bien frais ( tiens, j'ai oublié de te dire que, le matin-même, Le Philo _ lui _ cézigue en personne, nous avait offert un beau top lopette, le Vaporetto ayant refusé d'obéir à son maître bien-aimé, prêt à repartir sur une bande gravillonnée, lors d'un demi-tour. Pas de bobo mais il faut vite tirer ses papattes de là … )
On ne dira jamais assez que le ravitaillement en carburant, le
Dimanche, n'est pas marrant. La soif des bécanes nous conduit
à Brioude, " sous le soleil exactement " Y'a la queue ! seul
Frapi peut se servir pour le moment ( sa BMW marche au super )
Plus de SP95. Quant au SP98, avé la carte, c'est tout juste si
on ne prend pas un ticket, comme au rayon des frometons ou de la
charcutaille, au Leclerc de mon village. Arrivent, après les
automobilistes désespérés, une bonne quinzaine de
motards autochtones qui s'exclament ( ceux dont la bécane
boirait bien une p'tite bière ) ou s'esclaffent ( ceux qui ont
encore de quoi ), c'est selon.
CHAUD ! CHAUD ! CHAUD ! Frapi, en attendant qu'ça passe, joue
les Mme Récamier par terre sur une plate-bande rasée de
près, à l'ombre d'un panneau en fleur : il fume
philosophiquement. Ô forêt, où es-tu ?
Eric, enfin servi, se réfugie le long d'une cabane et se fait le
plus plat possible, des fois qu'y aurait d'l'ombre ! Le Philo a sorti
son bob ( pour la casquette, il attend les courants d'air ). Dire que
l'ami Pascal doit regagner Paris sous ce cagnard ! Nous larguons aussi
Mash, notre Lyonnais _ Lyon c'est plus près, en théorie.
Les 7 devenus 5, abrutis par la chaleur, se posent à l'ombre
d'une terrasse d'un café et regardent passer des
kéké pétaradants, à Brioude-la-bruyante.
Par où va -t-on passer pour regagner le chalet ? Par la
Vallée de la Sénouire, que personne ne connaît,
mais qui, toute bordée de vert, a l'air si sympa sur la carte.
Et là, ça saute, ça ondule, c'est étroit _
Qu'importe ! La fraîcheur revigorante, les fleurs, les
fougères, les arbres : voilà les 5 au paradis d'un bout
du monde. Pour un peu, Frapi applaudirait, pousserait le cri de Tarzan
dans la jungle auvergnate, marcherait sur les mains … ( Mais non,
sot ! Pas à moto. Ca c'est lors d'une pause " Lopettes Qui
Admirent Le Paysage " ) Eric ne peut
presque plus ouvrir les yeux : le grand air, les virages, la chaleur, ça vous crève mais lui aussi est HEU-REUX !
A Sembadel ( nom musical s'il en est, pour village à la " Jour
de Fête ", y'a un monument aux morts surmonté d'un soldat
bleu horizon très moustachu, une Sainte Vierge toute
peinturlurée, une gare surréaliste avec son hôtel
Moderne en face, en pleine cambrousse et … un
Théléma piqué 2 fois par une guêpe
vicelarde. ( Quand on t'dit, Nicolas, d'la mettre au cou, ton
écharpe ! ) Dame Jo a plus d'une plante dans son sac et te vous trouve
illicoprestosubito _ merci plantain, serpolet, dent de lion, 3
remèdes dont l'efficacité presque immédiate
surprend même " Mme la botaniste ".
Le soir se voile de gris et de rose. Nous le contemplons depuis le
chalet. Longue et belle soirée … mais IL VA PLEUVOIR,
c'est sûr car Jolitorax, qui doit nous rejoindre, vient de
téléphoner à Frapi il se trouve déjà
à Thiers. Non ! il n'arrivera pas en pleine nuit. Non ! Frapi ne
veillera pas ( ce qui lui permettra, le lendemain comme la veille,
d'aller chercher croissants et pains au chocolat, très
tôt, pour ses petits camarades et de leur raconter la
boulangère à demi-réveillée, prête
à lui rendre un billet quand il avait donné des
pièces … pense à tout ce bougre de Frapi. Y'en a
encore des comme ça. )
Voilà l'XLRM qui s'annonce. Le temps, pour Jolitorax de monter
au chalet _ et les conversations techniques reprennent de plus belle
pendant que je masse à l'huile essentielle de lavande fine les
piqûres de Théléma. Il grimace car le venin est virulent ( Mais non, on n'est pas dans
un film sado-maso. D'ailleurs à cette heure-là, j'ai
largué le cuir. )
Nous décanillons plus tôt que prévu, le lundi
matin : d'une part, nous avons rendez-vous avec Djeel, à
Yssingeaux, d'autre part, ça grisaille et ça boume fort
du côté de Clermont. Le vent se lève, on va avoir
droit au bain qui chauffe ! Les 6 lèvent le camp dare-dare, au point qu'Eric n'a même
pas le temps de nettoyer sa visière. Il le fera à l'eau
de la claire fontaine, un peu plus loin, quand nous serons sûrs
que l'orage n'est pas pour nous.
Avec Djeel, nous revoilà 7. Chiffre sacré. Un brave
bonhomme ayant fait une fausse manip en voulant garer son
véhicule, qu'il a coincé on ne sait comment, sur le
parking du Super U, lieu du R-V, une dame vient faire appel aux ZOMMES
et, pour remercier du dépannage, le conducteur maladroit
… roule sur le pied gauche du Philo … M'enfin …Un
gag de plus.
Hautes terres _ Plateaux à fenaisons de miel, à éteules, où les rapaces diurnes planent puis plongent en piqué, floraisons fleurs d'épilobes roses ( Petit cours de botanique des Théléma-Dame Jo - réunis à un Jolitorax curieux de savoir ce que sont ces grandes fleurs ) Un petit tour au pied du Mont Meizenc puis au Gerbier de Jonc où " LA VRAIE " source de la Loire a sa pancarte à touristes ….
Et alors, et alors, et alors ?
Je sens que je vais en faire saliver quelques-uns : j'appelle Petit Scarabée, Duvalben, St Bernard et bien d'autres car nous allons nous offrir une " bonne bouffe " ( Frapi l'avait mise au programme sans savoir où elle aurait lieu _ nous non plus, d'ailleurs, jusqu'à ce que Le Philo complote avec Djeel ) Où ça ?
A la ferme de la Besse, en Haute Ardèche ( Usclades-Rieutord
). Dire que nous nous sommes payé le culot de
téléphoner à Tromph, alors au boulot, pour lui
demander de chercher dans l'annuaire le N° de
téléphone de l'auberge, qu'il n'avait pas sur lui ! Djeel
ne nous a pas dit si Matthieu, après lui avoir donné le
renseignement, avait ajouté : " Et allez vous faire F…,
tas de sagouins ! Dire que j'y suis pas ! "
Pour ceux qui n'savent pas, la Ferme de la Besse, vieille bâtisse
restaurée, datant du 15ème siècle, en granit, aux
murs épais ( 1m15 environ ), très sombre ( on mange aux
bougies, même de jour ), a un charme fou.
En été, avec ses grands tilleuls fleuris, ses simples, ses fleurs, elle est aussi riante qu'elle se montre sévère, début mars, à peine sortie de ses neiges. C'est Tromph qui nous a fait connaître ce lieu magique.
Fins repas pour gourmets, sans noms ronflants, sans coup de barre.
Et …myrtille … sur le gâteau ( ici, c'est un fruit
abondant et réputé, qu'on fête même ) la
patronne vous donne en prime l'adresse d'un autre excellent restau, en
Lozère. ( Voir adresse en PS ) Il est conseillé de
téléphoner, toutefois, les patrons ne pouvant accueillir
plus de 15 convives à la fois.
…. Frapi s'endormirait doucettement, après son
café, pris sous les grands arbres. Il sourit aux anges,
tellement bien. Dire qu'il va falloir bouger, au lieu de siester, les
doigts de pieds en éventail. Adieux déchirants à
Eric et Théléma, qui repartent, l'un vers Paris, l'autre
vers Grenoble.
A notre tour, Frapi, Djeel, Jolitorax, Le Philo et moi, nous enfourchons nos montures pour, bientôt, admirer les gorges, traverser Burzet et retrouver la route mythique Le Cheylard - Les Ollières. Le Philo s'en donne à cœur joie et il n'est pas le seul ! Il pousse même le fanatisme, à St Sauveur de Montaigut, jusqu'à photographier … les pancartes qui rassemble les deux noms adorés.
C'est vrai qu'elle est épatante, cette route mais écoute-moi bien , l'Ami(e). Faut pas s'y croire ! Conserve l'humilité sans laquelle tu deviens dangereux(se). " L'erreur est humaine, cynique et banale ", comme le dit Hubert-Félix Thiéfaine. Je t'ai peut-être fait rigoler jusqu'ici, mais dois te dire ce que j'ai sur le cœur depuis Octobre dernier : c'est dur de ne pouvoir parler qu'à l'ombre d'un copain motard, comme je le fais lors de chaque belle rando-moto, emmenant avec moi celui qui n'est plus là pour admirer la beauté du monde.
Tu comprends maintenant pourquoi, quand je poste, je parle si
souvent de l'éphémère, des reflets furtifs.
Fragiles sommes …
Notre joie, lors de la balade à Frapi, est venue aussi de
notre commune capacité à vivre rondement l'instant, tout
en sachant qu'il passe.
Imbéciles, peut-être, aux yeux des cœurs secs, des blasés, des faux-durs. Mais HEU-REUX !
MERCI FRAPI !
Avec un grand sourire de Dame Jo.
La " Sévigné " d'la moto ( Ne m'dis pas que je vais avoir les chevilles enflées : elles le sont déjà au naturel, mon gars ! )
P.S. 1 :
Voici l'adresse du restau en Lozère :
Auberge de Malassagne
D1 route de Marvejols
48700 Rieutort de Randon
Tel : 04 66 47 34 11
Celle du lieu de notre ripaille
Ferme Auberge de la Besse
07510 Usclades et Rieutord
Tel : 04 75 38 80 64
P.S. 2 :
Petit conseil pratique, lié à l'expérience
douloureuse du Philo qui, non content de se faire rouler sur un pied,
le lundi, s'était pris une saleté dans l'œil, le
samedi, à l'arrêt, après les achats de provisions.
Pensons à emporter soit du Dacryosérum, soit un collyre
ou de l'eau de bleuet pour SE RINCER L'ŒIL ! Si tu avais vu Le
Philo pleurer, moucher, souffrir, les yeux tout irrités, tu en
aurais eu mal pour lui, comme nous. Plus de pharmacien ouvert _
Heureusement, Mash avait un peu de sérum physiologique à
donner … Au pays des lentilles …
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