Naturellement, lorsque j'ai rappelé, lors d'une dérive apéritive et étymologique, que le compaing était au Moyen-âge le compagnon celui avec lequel on partageait le pain, le frère d'armes, certains, sourire en coin, m'ont demandé s'il existait un féminin et l'objet du partage ...
    Tiens, pendant que nous en sommes au chapitre des gaudrioles, gauloiseries et autres rabelaisades, profite donc du cadeau que les copains, très au fait de ma gourmandise pour les noms gratinés m'ont offert, le Samedi soir du 15 Juillet, après leur balade du jour : Messeix, La Trémouille, Lapartuzade ( bien sûr, le "u" est à prononcer comme les estrangers le prononcent. ) Promesse tenue Marcman, " Tu vois, je n'ai pas oublié la chanson que tu me chantais."

     T'exagères, Dame Jo. Longtemps après la bataille ce CR ?
Que veux-tu, la canicule, qui vient seulement de céder dans notre grand Sud, m'avait quelque peu ensuquée. J'émerge ! Mon pense-bête, lui, était prêt dès notre retour.

     Allez ! On y va. Remontons le temps.

     Ça commence le 14 Juillet 2006, avec un voyage à la fraîche pour Le Philo et Dame Jo, dans la campagne provençale. Cela se poursuit à Beaucaire, où les cigales s'en donnent à coeur joie dans les pins, chez Fabienne et Marc, où Fred nous rejoint. Directions les Cévennes. Julio nous attend à Villefort. La petite troupe décide sagement de rouler encore, pendant que les touristes déjeunent. Nous becterons plus loin.
Hélas ! Qu'elle bouftance infâme à Grandrieu, en Lozère ! Avec le monceau de frites pas cuites et la bidoche moche, toute graisse dehors, chacun de nous six a de quoi s'oindre la tronche pour tout l'été. Le "Tord-Boyau" de Pierre Perret, nous l'avons rencontré. Un conseil, l'Ami(e), tu évites l'hôtel restaurant Daudet ( Pauvre Alphonse ! ) si tu passes par là. Demande à Marc de Beaucaire si tu ne me crois pas. Lui qui avait toujours bien mangé en Lozère a trouvé l'exception qui confirme la règle. Mieux vaut en rire et reprendre la direction de St Flour.

    Comme nous roulons en altitude, la chaleur cède un peu et nous respirons mieux. Le temps est assez orageux, en fin d'après-midi, mais nous échappons aux gouttes. Corinne Tit'Route et notre Révérende Mère nous ont dégoté un gîte à Olloix, village perché à 900 mètres, où les Chevaliers de St Jean de Jérusalem accueillaient jadis ...dis ...dis les pèlerins, marchands ambulants, et autres voyageurs, qu'ils protégeaient des brigands.
    Aujourd'hui, à défaut d'ouailles sur deux pieds, les prés autour du village, accueillent celles à quatre pattes, ces fameuses " brebis accordéons" ( c'est le nom qu'on leur donne vraiment, leur poids variant souvent ) une race ovine que les Celtes élevaient déjà. Tachetées de noir, bêlant à qui mieux mieux, elles rappellent irrésistiblement celles de F'Murr, dans la BD " Le Génie des Alpages ", qui nous fait tant jubiler, Le Philo, le Druidon et moi. Me baladant avant le p'tit-Déj du Samedi matin, je suis allée voir Frigoulette, Larosette, Nénette, Pipolette etc ... très curieuses de connaître Dame Jo(sette). Un mâle BÊÊÊH entendu derrière une haie de prunelliers m'a aussitôt évoqué Romuald, le bélier noir, qui se pique de composer des poèmes surréalistes:

" Ch'e m'suis fait sauter l'caisson Et tralala con ... "

Voilà qui m'a mise en joie de bon matin. En revanche, les nuées de mouches n'ont pas eu l'heur de faire rigoler les copains qui dormaient côté jardin. On les comprend.

    Côté jardin... Pour moi, ce jardin là a beaucoup de charme avec ses arbres fruitiers, ses fleurs sauvages ou cultivées. Les gosses ( petits et grands ) peuvent y jouer au ballon, se rouler par terre ... Je peux y herboriser : il n'y a pas de "mauvaise herbes". La patronne aime, comme moi, la botanique, et s'en va, le moment venu, admirer des fougères rares dans les Gorges de la Mone. Les lys martagons abondent, en Juillet - Août. De belles planches d'herbier ornent la salle de restaurant.
    Julio avait planté sa tente, le Vendredi soir, auprès de celles d'un groupe d'ados en vadrouille. Quand nous lui demandons, le lendemain, s'il a bien dormi, il nous répond en riant qu'il a entendu les gosses dire :

" Il ronfle fort, le monsieur ! " ( Y'en a d'autres ! )

    Un qui nous a bien fait marrer aussi, la veille, c'est le Dédé, arrivé triomphalement ( malgré sa BMW, lui qui venait en voisin ) au milieu du dîner, porteur d'un inoubliable tee-shirt vachard à en faire écumer les taureaux. Ah, le décodage du dessin par Haroun ! Un morceau d'antologie. On peut s'endormir, bercé par les coups de tonnerre, je l'ai constaté ce soir là.

     Samedi matin, il faisait beau. Bisounoursette, Sandrine et moi partîmes tôt avec Le Philo pour guide : une mini Cailles Concentre, quoi, comme en témoigne une chouette photo. Quelle jolie balade, agreste à souhait, par monts et par vaux. Un petit pèlerinage aux Roches Tuillière et Sanadoire, découvertes à contre jour, cornes plus diaboliques que jamais, un passage au Mont-Dore pour regrimper ensuite le Col de la Croix St Robert où abondent à la mi-Juillet les fleurs de montagne, notamment les globulaires, les gentianes jaunes ( celles de la Suze ) et de beaux oeillets pourpre, qu'on ne doit pas cueillir.
Nous avions rendez-vous avec les copains ( certains partis faire un coucou à Corinne Tit'Route, à la poterie - d'autres, comme nous, en vadrouille ) pour un grand pique-nique, au bord de lac de Lastioulles. Quelle chance ! Il y avait de l'ombre, de l'herbe, une plage, on respirait.

    Tandis que les uns saucissonnaient, appréciaient les bons produits du terroir ( n'est-ce pas, l'ami Jean ? ) les autres se baignaient, jouaient sur le sable. Tit'Caro, enlevée par des bras mâles, faillit se retrouver à la flotte sans l'avoir souhaité ! Il n'y avait pas là l'affluence constatée près du Lac Pavin ! On pouvait s'offrir une bonne sieste après le repas. Notre petit groupe remonta en selle; le ciel se chargeait déjà pour le bing-bang vespéral; on entendait gronder au loin ...
Le Philo modifia le trajet de l'après-midi, ce qui nous permit de contourner l'orage. Petites routes blanches, dans des forêts qui embaument. Un peu moins chaud mais chaud tout de même. Certains groupes rentrèrent bien trempés. A Olloix, il ne pleuvait pas. Devant dîner assez tard, nous avions tous l'estomac dans les talons. On déballa peu à peu les provisions rapportées du pique-nique. C'est à ce moment qu'on reparla des gravillons, qu'on fit de l'étymologie amusante, qu'on m'offrit mon cadeau de noms savoureux. Et c'est là, que SergeXX, qui imite fort bien le " Monsieur " ( à savoir, le cochon ) nous raconta comment il avait parlé à Jean de Bracon d'une espèce d'arbre rare :

le cochonnier. Pourquoi ? Parce que Jean, ayant jeté une couenne de jambon par terre lui avait demandé : " Tu crois q'ça va pousser ? - Oui ! Tu vas avoir un arbre à cochon. Quand le cochon s'ra mûr, tu entends Poum ! Grouîîîk ! T'auras plus qu'à ramasser. "

Je regrette souvent de n'avoir pas le talent d'un de mes vieux potes, dessinateur de BD, pour illustrer nos rencontres, nos déconnades.

     Nous avons tout de même fini par dîner, le Samedi soir et cela valait le coup d'attendre car le patron du gite est aussi un fin cuisinier. Il nous régala d'un Saint Nectaire en fondue, accompagné comme la raclette, de charcuterie, pommes de terre, pickles. Même moi qui n'aime pas le fromage, je me suis régalée. C'est dire !

    Fred avait repris très tôt la route du Grand Sud, le Dimanche matin. En compagnie de de Marc et Fabienne de Beaucaire, nous repartîmes à notre tour, après de bonnes bises aux copains(ines). Il faisait beau et bon. Cela sentait parfois le foin, le poivre, plus souvent, les pins, les épicéas.
Des pépères locaux nous amusèrent, à Sembadel-gare où ils encadraient un cross dominical. Courir par temps caniculaire ...Faut l'faire !
Evitant les itinéraires trop fréquentés, nous sommes passés par le Monastier-sur-Gazeille, en Haute-Loire. Il était midi pile et le repas pris à l'auberge de campagne " Les Acacias " ( une adresse à retenir, si tu passes au Monastier ) nous consola de l'ignoble tambouille du 14 Juillet, à Grandrieu. Ajoute à cela un excellent accueil.

    Plus nous approchions du grand Sud, plus il faisait chaud. Plus on étouffait. A Vallon Pont d'Arc, lors d'une pause, nous regardions avec envie les baigneurs, dans l'Ardèche. Eux dans l'eau fraîche, nous en eau chaude. A Monteux, en fin d'après-midi, on put voir Le Philo et Dame Jo s'asperger, prêts à sauter dans la fontaine, sur la place de la mairie dallée, chaude de soleil ...

    J'irai plus ! ( air connu )
Faut être fou pour rouler par temps caniculaire -
Déjà, l'an dernier en Aveyron ... Mais qu'est-ce que c'est chouette ! Où est-ce qu'on va, en 2007, pour la CaillesConcentre ?

Salut l'Ami(e) ! A la prochaine. Avé le sourire et la bise de
Dame Jo, la caniculée d'la moto ( ça va, hein ! Pas de plaisanterie facile. )